• I believe in a range of things.
    Je crois qu'on peut être neutre.

    Je crois que la mère parle trop pour rien dire mais qu'il faut l'accepter.
    Je crois que si, ça change.Les gens, tout ça.
    Je crois que le père fait des excès qu'il ne faut pas souligner.
    Je crois que la simplicité est difficile, trop souvent.
    Je crois que le frère sait pas ou mais comment et pourquoi il y va.

    Faire attention, à part en voiture,
    ça sert pas à grand chose.
    Voire, ça sert à rien.


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  • Tout va bien
    the world's falling appart
    Nothing AT ALL make sense
    I'm in love with someone that doesn't exist
    Society is the dark side of the moon

    Big Pathetic Potential.


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  • ( K, 2008, 210×165cm, Oil on canvas (1st Prize, BP Portrait Award 2008, NPG 2008 ) by Craig Wylie, see http://www.craigwylie.com

     

    Correspondances avec mon marque-page.

     

    (Berlin.)

    J'ai une carte postale du BP Portrait Award, achetée il y a quelques jours à la National Portrait Gallery de Londres.
    La toile s'intitule "K".

    C'est une femme.
    Ça se voit à sa chemise - les motifs et les plis -, à ses boucles d'oreilles un peu espagnoles, à la manière dont son gilet rose lui tombe sur les épaules.
    Elle semble flotter entre jeune femme et femme d'âge moyen.
    Je me rend compte que j'aurais dû acheter au moins deux cartes, pour pouvoir en envoyer une et garder l'autre. Acheter les choses en double pour pouvoir donner et garder, une manière de penser particulièrement riche et égoïste.
    Peut-être que j'enverrais celle-là, une fois que je l'aurai assez regardée et usée pour m'en séparer sans regret. Mais ça suppose une adresse de destination, ce que je n'ai évidemment pas.
    Je lui trouve quelque chose d'universellement féminin.
    La lumière tombe sur son front, presque à la verticale, en soulignant la ligne de naissance des cheveux, irrégulière, comme si il fallait une excuse pour mettre un peu plus à l'ombre son regard déjà si sombre.
    Si on la regarde assez longtemps, elle se met a (nous) regarder à son tour.

    A la différence des portraits de mode ou de personnages politique, des regards sans pudeur qui assaillent et poursuivent, des regards de haut, de biais, créant une frontière invisible et froide entre l'homme(la femme) représenté(e) et le spectateur, "K" nous regarde à condition d'être vraiment regardée.
    Dans ce rectangle rien ne va vite, et rien n'est fait pour aller vite.
    Pour peu qu'on lui donne un peu de temps, il s'établit un contact, bref mais indéniable, et qui surprend le spectateur proportionnellement à son refus de se voir dans "K".

    (Vienne.)
    J'ouvre mon livre et la retrouve.
    Je m'apprêtais à lire mais je contemple "K" un instant à la place, et je réalise soudainement à quel point la lumière, qui me parait si peu conventionnelle depuis le départ, pourrait être celle d'une photo. Une photo "trouvée", à l'inverse des prises de vues construites.
    "K" devient alors une anonyme qui attend le bus, seule, il fait nuit, et le néon grésille.
    Cette intrusion de la photographie dans la peinture aura raison de ma lecture ce soir. Plus tôt dans la journée, c'était l'idée que ça soit autant le spectateur qui aille vers la peinture (en aimant,en n'aimant pas, en s'identifiant plus ou moins) que l'auteur de la toile lui même qui, en peignant, viendrait vers nous. Mais j'ai vite abandonné cette pensée.

    ( Aéroport de Vienne, pour Barcelone).

    J'avais terminé mon livre, malgré "K". Et j'avais BESOIN d'un nouveau livre. C'était pratiquement une question de survie ; une poussée d'impatience, un autre faux pas de X, l'avion, une soudaine prise de conscience quant à ma facheuse position : qu'allait il advenir de moi si une seule de ces choses arrivait sans livre à portée de main ?
    Je parti donc à la recherche d'une librairie dans l'aéroport. A la place, je découvris l'empire du roman noir de mauvais goût, en Italien en Anglais en Allemand et en Russe, des montagnes de nouvelles érotiques aux couvertures mielleuses et pathétiques (quoi que plus pathétiques que mielleuses), et des Geos à dix euros - dont aucun ne portait sur un sujet pouvant me convaincre de dépenser autant pour un seul magazine.
    Mais, perdu entre tous, rayonnait une nouvelle d'Amelie Nothomb (grâce!). En Anglais (parfait). A 15.40 euros (...).
    La vue du prix conjuguée à ma lucidité terrifiante sur le besoin absolu que constituait la possession d'un nouveau livre ( un vrai livre, pas une biographie de Diana ou dieu seul sait ce qui se cachait derrière les premiers rayons et les volumes d'astrologie) me déchirait intérieurement.
    Mais les quelques pages blanches à la fin de l'édition, l'odeur de l'encre et la typographie de petite taille furent assez pour me convaincre.
    Et revoilà la carte, "K" y règne, impassible. Cette fois je décide de la ranger dans une petite enveloppe de papier fin, puis dans le livre, histoire de voir combien de temps elle m'empêchera de lire.
    Je sais que sous le papier se trouve son visage, sa chemise, légère, ses boucles d'oreilles. Je doute pouvoir tenir longtemps sans l'en sortir.
    Je me demande ce que j'y verrais alors.

    (Barcelone.)

    Ça a mieux marché que prévu.
    "K" s'est contentée de rester sagement dans sa petite maison de papier translucide et ne m'a pas empêché de lire quinze euros quarante de Nothomb en quelques heures à peine.
    Je distingue les bords plus foncé ou commence la toile sur la carte, mais de "K" ne me parvient qu'une ombre, une forme humaine vague et anonyme.


    (Quelque part en France).

    J'ai peut-être laissé la carte dans sa robe de papier trop longtemps, puisque j'ai lu Acide Sulfurique mais aussi la moitié d'Alice au Pays des Merveilles. Je sort donc l'image, regarde le portrait de "K" pendant un moment, et je suis horrifiée :
    je ne parviens plus à voir autre chose que le portrait lui même. A la place du foisonnement d'émotions, d'histoires et de découvertes se trouve une toile presque ennuyeuse, un portrait morne où la chevelure et les ombres trop marqués font une sinistre concurrence aux lignes inesthétiques de la bouche. Je suis si choquée que je ne pense même pas à secouer la tête ou à détourner le regard. La complexité de "K" toute entière a disparu et à la place se trouve une carte postale abîmée de dix centimètres sur quinze. Je ne veux pas y croire, je referme le livre.
    Lorsque que je l'ouvre à nouveau une minute plus tard, tout (elle) est revenu(e). Je suis soulagée.

    Elle oscille,
    un peu comme à travers de l'eau,

    entre "K" et le portrait de "K".


     

    Short Letters About the Bookmark That Kept Me From Reading.

     

    (Berlin.)

    I've got this postcard I bought some days ago from the BP Portrait Award, at the National Portrait Gallery in London. It's called "K".
    It's a woman. You can see it on her shirt, its motifs and its pleats, her slightly spanish-like silver earrings, the way her pink jacket falls on her shoulders.
    She looks between young and middle aged.
    It suddenly hits me that I should have bought at least two, so that I could send one and keep the other. A very selfish, rich-thinking idea indeed, to buy doubles in order to give and keep.
    Maybe I will just send this one once I've seen and used it enough to let it go without remorse.
    That is if I have an address to send it to, which I don't.
    She has something universally womanly. The light falls on her forehead from above, almost vertically, underlining the uneven hairline, as if an excuse was needed to cast a shadow over her already dark gaze.
    If you look at her long enough, she finally replies.
    Unlike fashion or political portraits, with shameless, immodest stares, looking sideways at the viewer so that an invisible wall finally divides the man looking and the man looked at, « K » will look at you only if you really look at her.
    In this rectangle nothing goes fast and nothing is actually made to go fast.
    If one is ready to spend some minutes at it, one will feel a brief but undeniable contact with the depicted woman, as surprising as one doesn't want to see him or herself in « K ».

    (Wien.)

    I open my book and there she is again.
    I want to read but instead I look at "K" for a second, and suddenly I realise how the unconventional way her face is lighted could be the light of a well spotted unstaged photographic portrait. For a moment, I see her waiting at a bus stop, at night; she's the only one waiting and the neon crackles.
    The possible intrusion of photography into the painting, as interesting as it is subtle, keeps me from reading tonight.
    Earlier today, it was the thought that it could be as much us (viewers) connecting to the paintings as painters making (painting) their way towards us.
    But I quickly gave up the thought.


    (Wien Airport, towards Barcelona.)

    I'd finished my book (despite of "K"). And I NEEDED another one. It was an urgent and necessary matter;
    a hint of impatience, another faux-pas of X, the plane, a sudden grasp about my present condition: if any of those was to happen without a book around, what would become of me ?
    So off to the bookshop of the airport I went. And there, all I could see were very poor titled roman-noirs, sex novels with the cheesiest covers you can find on earth, and Geos that were more than ten euros and none of them had for subject something I was ready to spend that money for.
    Then, lost between all - all... that very high priced crap - was shining through an Amelie Nothomb novel (epic). In English (brilliant). For 15.40 Euros (filth).
    The sight of the price combined to my growing awareness of how much I needed a book (and no Diana Biography or god only knows what human made things were hidden behind the first lines of astrological volumes) were tearing me apart.
    But the few blank pages at the end, the ink's smell, the quite small font persuaded me.
    So here is the card again, "K" is on it, impassive. This time I put it in a thin white paper bag. See how long that keeps me from reading. I know "K"'s face, her light shirt, her earrings lie in there. I doubt it'll be long before I peek. I wonder what I will see next time.

    (Barcelona.)

    It worked better than I thought. Quietly inside it's semi-translucent paper house, "K" didn't stop me from reading 15.40 euros of Nothomb in a couple of hours.
    Through the envelope I can see the clear dark borders of the painting on the postcard, but of "K" nothing shows except a shadow, a vague and anonym human form.


    (Somewhere in France).

    It appears I've kept the card in her paper dress long enough now, as I've been able to read not only Sulphuric Acid but half of Alice's Adventures in Wonderland too. I take it out, look at "K"'s portrait for a while, and I'm aghast :
    I am not able to see anything anymore but the painting itself. Instead of the never ending list of emotions, stories, and discoveries coming out of "K", lies a dull portrait, with slightly too dark hair and shadows, and unpleasant mouth lines. I'm so shocked I don't even think about shaking my head or taking my eyes off it. "K"'s complex whole vanished into a 10x15 cm flat postcard. I can't believe what is happening and close the book on it.
    When I open it again a minute later, everything (she) is back. I feel relieved.

    She is oscillating,
    as if seen through water,

    between "K" and "K"'s portrait.

     



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